ECO-POIËSIS > Bienvenue dans
l’ère de la MétaSkin

21.09.2023

4 minutes

Bienvenue dans
l’ère de la MétaSkin

MetaSkin

Bienvenue dans
l’ère de la MétaSkin

  • Emotion Care
  • Innovation sensible
  • Moi Peau
  • Fini le mur de briques et de ciment ! Les lignes bougent à mesure que les sciences explorent les réseaux complexes d’interactions qui se produisent dans la peau autant qu’en relation avec d’autres organes – l’intestin, le cerveau,… le microbiome – ou l’environnement. Celles-ci dessinent de nouvelles conceptions dynamiques de notre enveloppe et de son (notre) identité !  Bienvenue dans l’ère de la Metaskin !

     La peau, autrefois perçue uniquement comme une barrière protectrice, est aujourd’hui pensée comme une interface dynamique au sein de laquelle ses différentes composantes sont en conversation permanente. Des voies de signalisation entre le derme et l’épiderme et impliquant des facteurs de croissance, des cytokines ou des composants de la matrice extracellulaire jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’intégrité de la peau, la cicatrisation des plaies et les réponses immunitaires. 

     Des études récentes ont révélé la diversité et la plasticité des cellules immunitaires dans la peau, là encore en dialogue constant avec les cellules structurelles.  On ne s’intéresse plus seulement à la fonction sensorielle des cellules neuronales mais également aux façons dont certaines contribuent à l’homéostasie, à la régénération et à la réparation de la peau.  La recherche regarde également les cellules neuroendocrines qui produisent des hormones et des neuropeptides ayant des effets locaux et systémiques dont la croissance des cheveux, la production de sébum ou la pigmentation.

     Mais le prisme des interactions nous conduit à prendre également en compte une vision étendue de la peau en intégrant les autres écosystèmes qui nous constituent.  Les progrès des techniques métagénomiques et métatranscriptomiques (séquençage des ADNs et ARNs issus de l’ensemble des organismes faisant partie d’un même milieu) ont révélé la grande diversité des micro-organismes qui peuplent la surface de la peau. Nous savons aujourd’hui qu’ils jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’homéostasie de la peau, la modulation immunitaire et la défense contre les agents pathogènes. Le concept émergeant d’axe peau-intestin souligne la communication bidirectionnelle entre la peau et le système gastro-intestinal. Des altérations de la composition du microbiote intestinal peuvent avoir un impact sur la santé de la peau, entraînant des pathologies telles que l’acné, le psoriasis et l’eczéma. La relation complexe entre la peau et le cerveau dessine un nouveau domaine d’étude entre neurobiologie et en dermatologie. La peau, par le biais de récepteurs sensoriels et de signaux immunitaires, peut influencer les fonctions cérébrales et le bien-être mental. La psychodermatologie, un domaine en plein essor, explore l’impact du stress, de l’anxiété et d’autres facteurs psychologiques sur les affections cutanées. Des stratégies innovantes, notamment des interventions basées sur la pleine conscience, des modulateurs neuro-immunitaires et des psychothérapies, sont à l’étude pour améliorer la santé de la peau et la santé mentale.

    D’où la nécessité de passer de la peau à la méta-peau ! Et donc d’interroger les frontières de notre enveloppe et, partant, du domaine cosmétique, d’appeler au croisement des disciplines scientifiques et à revisiter les critères de la performance.  La méta-peau est un monde nouveau à explorer.  Il suppose de nouvelles investigations scientifiques.  Il appelle aussi à la définition de nouveaux concepts propre à éclairer et orienter les nouvelles approches du soin.  Ici, c’est la science elle-même qui évolue en s’ouvrant au dialogue avec les humanités – la philosophie, la sociologie ou l’anthropologie.  Car au fond, dans la peau, c’est proprement notre identité qui est en question. Ici, nous sommes à nouveau commencement.