Si les nouveaux territoires de l’innovation cosmétique (microbiome, bactéries, microalgues…) tiennent éminemment de technologies avancées, on aurait tort de croire que celles-ci dessinent tout l’horizon des nouvelles narrations de la beauté. Que la microphotographie par exemple ne serait qu’une histoire de technicien. Au contraire. Ici plus qu’ailleurs, le regard interroge l’objet et le sens, tient autant de la technique que de l’art, mobilise l’humain et l’histoire. Et c’est une question qu’il va falloir travailler. Autant dans le domaine des images que dans le domaine du texte. Réintroduire le domaine du sensible dans les narrations de l’industrie est l’un des projets de Re-Source! et de la newsletter Beauty Thinks. Étape numéro 1 : réinscription de l’image dans son contexte : rencontre avec un étonnant photographe de l’invisible.

Marek Mis est biologiste de formation, diplômé de l’Université Nicolaus Copernicus de Toruń, en Pologne. Sa rencontre avec la microscopie et le micromonde commence, par hasard, à l’âge de 14 ans, lorsqu’il trouve dans l’armoire de son père le livre de Paul de Kruif, « Les chasseurs de microbes ». Impressionné par les précurseurs comme Antony van Leeuvenhoek, il souhaite lui aussi explorer ces mondes invisibles à l’œil nu. Comme lui, il construit ses propres microscopes, et comme lui, il commence par placer sous la lentille du microscope tout ce qui tombe sous sa main.

Au début, il dessine tout ce qu’il observe. Puis il s’intéresse à la photographie. Ses premières photos au microscope sont réalisées en 1980 avec un boîtier russe, assez rudimentaire, le Smena 8M. Ce sont des photos en noir et blanc. Le manque de moyen et les difficultés à acquérir du matériel de qualité le conduiront à mettre de côté sa passion pour un temps. Il y revient presque 30 ans plus tard et n’aura de cesse alors de perfectionner ses compétences en matière de photomicrographie.

Il s’agit pour lui de produire des documents, mais également quelque chose qui tient de la création. Marek enrichit les couleurs, travaille les techniques d’éclairage. Pour ce qui est des échantillons d’algues, il les prélève dans les lacs et les rivières de ses environs. Dans son travail il essaie généralement de photographier les micro-organismes entourés d’éléments issus de leur environnement naturel. Il convoque ainsi dans ses portraits de microalgues, des organismes périphériques, qui habitent divers substrats, pousses de plantes aquatiques, grains de sable, corps de macro-organismes aquatiques… La microalgue est toujours une entité relationnelle.

En 2018, son travail en microphotographie est consacré par le Nikon Small World qui le nomme dans le groupe des maîtres de la microscopie. Il a également collaboré avec des diverses entreprises comme Procter & Gamble (États-Unis), Fermentis by Lesaffre (France), ou Re-Source! pour Microphyt.

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